Le projet SAFE-M

Contexte et enjeux aujourd’hui

Madagascar présente l’un des taux de pauvreté les plus élevés du monde et un indicateur de développement humain parmi les plus faibles (World Bank 2020). La question de l’eau constitue un enjeu majeur pour le développement de Madagascar et se manifeste de différentes manières :

  • le manque d’eau et la difficulté de prospection qui touchent la région semi-aride du sud-ouest (Carrière et al. 2018);
  • le changement global qui induit de fortes modifications de l’utilisation agricole de l’eau dans les zones rurales des Hauts Plateaux (Heriarivony et al. 2020);
  • la pollution de l’eau et le manque de gestion des déchets qui rend les ressources impropres dans les zones urbaines (Dabat et al. 2010; Bastaraud 2019; Andrianirina et al. 2020).

Les récentes crises alimentaires et sanitaires (choléra, diarrhée) — peu médiatisées mais catastrophiques (CARE 2020) — mettent en lumière l’insuffisance d’approvisionnement en eau de qualité qui touche l’ensemble de la Grande Ile. Cette lacune est notamment liée au manque de personnels qualifiés en prospection, distribution et protection des ressources en eau ainsi qu’en gestion des risques et des crises qui surviennent à intervalles réguliers.

Dans ce contexte il est essentiel de renforcer durablement les formations supérieures pour former des professionnels qualifiés et compétents dans le domaine de l’eau et dynamiser le secteur.

Les formations liées à l’eau sont généralement trop théoriques et peu professionnalisantes, au dire de tous les acteurs académiques ou professionnels rencontrés. Cette situation pousse ces derniers à former eux-mêmes de façon informelle et insuffisante leurs personnels et les délégataires des projets de gestion de l’eau. À court et moyen terme il apparaît donc primordial de proposer une aide aux institutions d’Enseignement Supérieur et de Recherche (ESR) de Madagascar afin qu’elles puissent entretenir la chaîne de compétences humaines nécessaire. Il s’agit notamment de soutenir le développement de compétences en matière de gestion de l’eau dans des formations professionnalisantes de standard international et impliquant des domaines tels que la prospection géophysique, la chimie et le traitement de l’eau, l’hydrologie et hydrogéologie, la gestion des déchets, des risques et des crises.

Enjeux et retombées du projet

  • Développer et améliorer les formations LMD dans le domaine de l’eau (depuis la prospection jusqu’à l’assainissement).
  • Dynamiser et rendre autonome le secteur de l’ESR en développant des modèles économiques favorisant l’autofinancement.
  • Améliorer l’accès à l’eau de la population par le développement local de l’expertise et du dispositif technique en matière de prospection, distribution et protection de l’eau.
  • Assurer la sécurisation des usages par les populations (hygiène, alimentation, développement de l’économie agricole, etc.).
  • Développer la réponse d’urgence face aux crises liées à l’eau.
  • Anticiper les effets des changements climatiques dans un pays où l’évolution des ressources en eau est très incertaine pour les prochaines décennies (Jia and al. 2019) pour augmenter la résilience des populations, en accompagnant la lutte contre l’insécurité alimentaire et en amélioration les conditions d’hygiène et de santé.

SAFE-M dans dix ans…

Le projet SAFE-M permettra à nos partenaires responsables de cursus universitaire d’améliorer et de professionnaliser leur offre de formation et de favoriser l’autonomie et la créativité des étudiants par l’apprentissage par projet. Nous favorisons la mise en réseau et le rapprochement des formations de manière à créer un synergie positive pour l’ESR dans le secteur de l’eau. Nos actions mèneront à :

  • la mise en place des infrastructures nécessaires à l’enseignement professionnel ;
  • la formation des enseignants aux nouvelles techniques scientifiques et d’enseignement ;
  • la création de filières de formation continue à destination des professionnels des institutions malgaches, ONG et bureaux d’études.

Ces actions permettront le développement d’une offre de services (e.g. analyses d’eau, location de matériel, formation continue) créant ainsi une ressource financière pour assurer la pérennité et l’entretien des dispositifs instrumentaux mis en place dans le cadre du projet. À échéance, le développement de la formation continue et d’une offre de services inexistants aujourd’hui, permettront aux partenaires malgaches de disposer des ressources ainsi que de la capacité d’autofinancement nécessaires à la persistance et la croissance de ces filières d’apprentissage dont la Grande Île a besoin pour atteindre les objectifs du développement durable.

Outre le renforcement des capacités académique le projet SAFE-M permettra de renforcer les équipes malgaches dans différents champs tels que : la gestion de projet, la gestion financière transparente et sincère, l’audit et le reporting, la gestion d’un stock de matériel, l’ingénierie pédagogique, l’ingénierie des emplois du temps.

Enfin SAFE-M cherchera par tous les moyens possible à promouvoir l’égalité des genres et l’équité sociale en favorisant la parité au sein des groupes de travail, la prise de responsabilités par des femmes, la formation des techniciens issus de milieux moins favorisés.