François Métivier (老弗)

Visibilité des universités: le fantasme de la taille

Histogramme du nombre d’universités en fonction de leurs effectifs étudiants. Pour les États-Unis, on a considéré les universités dites de recherches qui sont les plus proches de nos universités.

Un regroupement d’universités au sein d’un nouvel EPSCP aboutit à la création d’un ensemble de très grande taille. Les fusions d'universités, réalisées ou en préparation, taquinent les 100 000 étudiants. De tels ensembles sont-ils la norme dans les pays les plus «performants» ? Nous disposons de données pour l’Angleterre et les États-Unis (dont les établissements occupent les dix premières places du funeste classement de Shanghai), et l'Italie (qui occupe un «rang» similaire au nôtre).

Quand on compare la distribution de taille des établissements on se rend compte que les universités américaines, anglaises, italiennes et françaises présentent des distributions de taille quasiment identiques. La taille moyenne d’un établissement oscille autour de 15000 à 20000 étudiants et n’a rien à voir avec la qualité de ce qui s’y fait. La taille des établissements résulte visiblement un processus d’auto-organisation indépendant des politiques publiques d’enseignement supérieur (différentes dans ces quatre pays). Pour information la moyenne des effectifs étudiants des vingt premiers établissements du funeste classement est de 22000 étudiants.

On pourrait même aller plus loin en constatant que la rareté des très grands établissements suggère a contrario qu’ils ne sont pas optimaux (en terme de gestion, d’efficacité, de qualité de l’enseignement etc...). Si tel est le cas, regrouper les établissements au sein d’un unique établissement public organisé de façon pyramidale est non seulement inutile pour la recherche et l'enseignement mais probablement dangereux.